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Élections locales : La jeunesse face à son destin

Reléguée au second plan depuis des années, utilisée comme du bétail politique, la jeunesse est plus que jamais appelée à s’engager pour influencer les politiques publiques, sinon…

La convocation du corps électoral pour les élections locales qui se tiendront le 9 février 2020 a mis en mouvement plus d’un parti politique, y compris le parti au pouvoir, si l’on se fie à l’effervescence dans les états-majors.  On assiste désormais à un véritable rappel des troupes, le Rdpc tente de s’organiser, en face le Mrc essaie d’intéresser tout le monde, le Sdf tergiverse mais se ravise, l’Udc affûte ses armes pour s’accrocher à son fief du Noun. Le Pcrn tient à faire modifier les calculs aux parties qui avaient la Sanaga maritime comme leur chasse gardée, l’Undp a intérêt à s’accrocher dans la Benoué pour continuer à donner un sens à l’alliance de la majorité présidentielle.

Les camerounais iront donc aux urnes le 9 février 2020 pour élire les conseillers municipaux et les députés à l’Assemblée nationale en même temps. En rappel, les conseillers municipaux, dont le nombre varie en fonction de la population d’après l’article 173 du Code électoral, sont ceux qui une fois élus dans une commune, devront choisir parmi eux le maire et ses adjoints lors de leurs premières réunions appelées sessions de plein droit. Ce ne sont donc pas les maires qui seront élus directement le 9 février 2020 comme beaucoup le pensent. Contrairement à ce que pensent également beaucoup, aidés en cela par certains caciques qui redoutent d’être bousculés, les jeunes ne sont pas exclus des candidatures, et à tout considérer, l’heure est plus que jamais venu pour eux de prendre leur destin en main.

Les jeunes et l’engagement

D’après l’article 175 du code électoral, peut être candidat aux élections municipales, tout citoyen camerounais sans distinction de sexe, jouissant du droit de vote et régulièrement inscrit sur une liste électorale, âgé de vingt-trois (23) ans révolus à la date du scrutin, sachant lire et écrire le français ou l’anglais, et justifiant d’une résidence effective d’au moins six (6) mois sur le territoire de la commune concernée. Le jeu est donc ouvert à la jeunesse, qui doit participer effectivement au processus, pas seulement en tant qu’électeur, mais surtout en tant que candidat. Avec le nombre, elle a de forte chance d’entrer massivement dans les conseils municipaux et influencer désormais les politiques en matière de développement local. Il est désormais temps que le jeune cesse d’être composée d’analphabètes politiques, ceux-là qui ont été depuis des lustres, et qui continuent d’être matraqués, intimidés et exploités par une élite politique qui ne rêve que de les tenir le plus loin possible de la politique et s’accrocher aux affaires. L’énergie mis le 1er novembre 2019 pour barrer la voie à Sam Séverin Ango à Ebolowa en est une preuve.

La jeunesse doit désormais cesser d’être celle-là que le poète allemand Bertolt Brecht décrit en ces termes « Le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique. Il n’écoute pas, ne parle pas, ne participe pas aux événements politiques. Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix des haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques. L’analphabète politique est si bête qu’il s’enorgueillit et gonfle la poitrine pour dire qu’il déteste la politique. Il ne sait pas, l’imbécile, que c’est son ignorance politique qui produit la prostituée, l’enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales. »

Et si cette jeunesse ne se ravise pas pour prendre son destin en main, elle devrait également cesser de se plaindre de ce que les vieux sont aux affaires, ne font rien et ne veulent pas quitter. Ils ne partiront pas d’eux-mêmes, mais les élections offrent là une occasion de les faire partir poliment sans qu’ils ne prétendent que les jeunes leur ont manqué du respect. Tous les jeunes qui auront 23 ans au 9 février 2020 sont ainsi concernés. Les articles 156 et 175 du code électoral précisant les conditions d’éligibilité, le disent sans ambages. Il est précisé pour les élections municipales que le candidat doit justifier d’une résidence effective d’au moins six (6) mois sur le territoire de la commune concerné, ce qui n’est pas le cas pour les élections législatives.

Prendre les devants

Dans son dernier discours à la jeunesse, le président Paul Biya invitait une fois de plus les jeunes à ne plus être des followers passifs. Ce conseil ne s’applique pas seulement au domaine des nouvelles technologies auquel il faisait allusion, mais davantage au champ politique. Il est vrai que la jeunesse rencontre encore un blocage, celui d’être investi par un parti politique. L’article 182 du code électoral citant les pièces constitutives du dossier de candidature, exige en effet une attestation par laquelle le parti politique investit l’intéressé en qualité de candidat.

Et ceux qui tiennent les rênes de ces partis ne sont pas toujours favorables à une prise en main par la jeunesse, mais cela ne doit pas être une fatalité. Garga Haman Adji se vante souvent d’avoir été sous-préfet à 17 ans, certains dirigeants encore aux affaires occupaient déjà d’importants poste de responsabilité avant 25 ans.

Ils  ne peuvent continuer aujourd’hui, au nom de la conservation du pouvoir et des avantages, de dire aux Camerounais de 35/40 ans qu’ils sont encore jeunes, et qu’ils ne doivent pas être pressés. C’est aussi de la responsabilité de la jeunesse de rejeter ces discours et refuser d’être des éternels valets,  garçons ou filles de course. Les jeunes doivent cesser d’être ceux devant qui  l’on agite un poste ou un emploi qu’ils devaient normalement occuper comme un avantage, pour lequel ils sont même soumis au chantage des promotions canapé ou de parrainage dans des cercles. Les Urnes offrent une opportunité à saisir.

Roland TSAPI

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