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Manifestation publique : Les aviculteurs brisent le silence

Une fois n’est pas coutume. Les acteurs du secteur avicole sont descendus dans la rue à Yaoundé et à Bafoussam pour dénoncer la gestion calamiteuse par le gouvernement de la grippe aviaire.
C’était un secteur fragile, délaissé des pouvoirs publics, mais un secteur paisible. Rarement on y a entendu des éclats de voix. Mais à situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Les aviculteurs de la région du Centre ont fait le pied de grue devant le premier Ministère jeudi 23 juin 2016. Ils sont descendus en grand nombre pour forcer une rencontre avec le chef du gouvernement Philémon Yang. Après avoir été repoussés par les forces de maintien de l’ordre, les manifestants ont simplement poursuivi le mouvement en direction de l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic). Ces hommes et femmes déplorent la gestion chaotique de la grippe aviaire par le gouvernement. Et exigent la levée de l’interdiction de la consommation et de la commercialisation du poulet. Au même moment, les éleveurs -qui sont des chefs de famille- ont fait un sit-in à l’esplanade de la Communauté urbaine de Bafoussam. On se souvient qu’après l’annonce de la présence du virus H5N1 vecteur de la grippe aviaire dans les fermes du Mfoundi, le ministre de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales ordonné l’interdiction de la consommation et de la vente du poulet.
Si Dr Taïga avait pris la mesure pour limiter la propagation de l’épizootie, l’avait-il cependant bien pensée? Difficile de répondre par l’affirmative.  Sur le terrain, les effets pervers n’ont pas tardé à se dessiner. Sur le plan financier, Bernard Njonga, le président de l’Acdic souligne qu’il y a près d’1,3milliard F cfa de pertes par jour. Ne pouvant gérer le stress occasionné par toutes ces pertes, un éleveur s’est donné la mort à l’Ouest du pays. Cette crise avait fortement éprouvé la filière avicole en 2006. Elle avait entrainé un rétrécissement drastique de la production et causé «des pertes commerciales estimées à plus de trois milliards de Fcfa aux différents maillons du secteur. En effet, sa déclaration dans le pays a crée une psychose auprès des consommateurs qui ont banni de leurs tables les produits avicoles que sont le poulet et les œufs», relevait un rapport sur l’évolution de la filière avicole entre 2006 et 2008. «Par rapport à la crise survenu en 2006, les pertes sont très élevées cette fois», regrette Bernard Njonga.
L’ingénieur agronome soutient à «100% la demande de la levée de l’interdiction de la vente et de la consommation du poulet» car, «les risques de propagation, s’il y en a, sont faibles. Et c’est de la faute des pouvoirs publics qui ne se sont pas montrés à la hauteur de la situation.» Comme l’a souhaité l’honorable Osih Josua, pourquoi ne pas «indemniser les aviculteurs» ? C’est que, beaucoup se sont endettés à coup de millions pour élever leurs poulets. A l’allure où vont les choses, les éleveurs ne sont pas près de plier l’échine sans s’être fait entendre. Voilà un autre secteur où le ras-le-bol a eu raison de la passivité. Comme disent les anglo-saxons, «enough is enough».
Valgadine TONGA

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