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La société civile se réclame être un acteur clé de la décentralisation

FORUM OSCs DU LITTORAL

La Plateforme des Organisations de la Société Civile du Littoral a organisé le 13 février 204 à Douala la 5è édition du Forum des OSC du Littoral sur le thème : «Participation citoyenne à l’action publique à l’ère de la décentralisation : quelle perspective pour la société civile camerounaise ? » Un moment d’échanges, de partage d’expériences et d’exposition du savoir-faire.

Le Cameroun s’est engagé depuis plusieurs années dans un processus de décentralisation qui consiste pour le pouvoir central, au transfert de la mission générale de développement local et d’amélioration du cadre et conditions de vie des habitants vers les collectivités territoriales décentralisées. La décentralisation constitue de ce fait l’axe fondamental de la promotion du développement local, de la démocratie participative et de la bonne gouvernance au niveau local. L’enjeu de la décentralisation est donc d’assurer un développement harmonieux sur la base de la solidarité nationale, régionale et locale afin d’atténuer voire résorber la pauvreté. Par conséquence, «les Organisations de la Société Civile (OSC), dans le cadre de l’implémentation de la décentralisation au Cameroun ont un rôle clé à jouer. Ainsi que leur confère une batterie de textes nationaux et internationaux», souligne Mme Marie Alvisse Tzegouo, Expert en planification et aménagement du territoire. Cette collaboration se fait aussi bien avec les Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) qu’avec les pouvoirs publics telle que les définissent des dispositions contenues dans la loi N° 2019/024 DU 24 DEC 2019 portant Code Général des Collectivités Territoriales, la loi N°2018/011 du 18 juillet 2018 portant code de transparence et bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques au Cameroun, de la loi cadre sur l’économie sociale au Cameroun, du 25 avril 2019, de la Stratégie Nationale de développement à l’horizon 2030 (SND30) et plusieurs conventions internationales ratifiées par le Cameroun. Malheureusement sur le terrain, depuis la mise sur pied des CTD en 2019, cette collaboration est mitigée, teintée de frilosité, et d’aprioris. Conséquence, le niveau de collaboration est encore faible. Certains exécutifs municipaux préfèrent entretenir le flou au point de se constituer un fichier d’OSC fictives avec lesquelles ils prétendent travailler. Notamment pour les aider dans la distraction des fonds.

C’est le cas relevé avec les fonds destinés à la gestion avec les filets sociaux. Certains bénéficiaires de quelques communes se sont même offusqués de ce que les dotations allouées aux filets sociaux dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 étaient disproportionnés. Dans certaines Mairies d’Arrondissement de la ville de Douala, les bénéficiaires ont perçu 20 000 FCFA contre 45 000 FCFA qui étaient le montant exact remis aux bénéficiaires ailleurs. Le représentant du Maire de la Commune d’Arrondissement de Douala (CAD) 3è, le député suppléant, Paul Alain Moutassi a reconnu le grand intérêt qu’une Mairie a à entretenir une collaboration étroite avec les OSCs. Conscient de cette importance, le Mairie de sa Commune, Valentin Epoupa Bossambo a, depuis sa prise de fonction, noué avec plusieurs OSCs des partenariats qui se trouvent fructueux. «Cette participation citoyenne a permis de renforcer l’implication des populations, en particulier les femmes et les jeunes, dans la gouvernance locale, afin que les projets inclus dans le budget répondent véritablement aux besoins des populations».

OSCs acteurs incontournables des CTD 

Ainsi à travers les associations, les OSCs, les Comités de quartier ou les Comités de village peuvent accompagner les CTD dans la participation citoyenne afin de  permettre au renforcement du contrat social entre les autorités locales et les populations et ainsi favorisé l’atteinte de leurs objectifs gagnant-gagnants. «Au Cameroun cette participation citoyenne se rapporte principalement au budget participatif, au débat d’orientation budgétaire, au contrôle citoyen de l’action publique et plus récemment, aux comités de quartiers et de villages tel que prévue par le Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisé», précise Mme Piana Malla Oummi-Ani, Délégué régional du MINDDEVEL Littoral. Malheureusement, les OSCs déplorent l’absence d’un cadre légal incitatif et favorable à l’accomplissement de leur rôle dans l’implémentation de la décentralisation. En dépit de tout, il y a la volonté forte des OSCs Camerounaises à contribuer à la qualité de la participation citoyenne et à l’effectivité des libertés publiques au Cameroun. «La société civile est un partenaire incontournable pour les Collectivité Territoriales Décentralisées, ce d’autant plus qu’elle est à la périphérie, mieux encore à proximité des populations cibles et par ricochet plus audible au grand public », indique Dr Clément Mbeugang, Géographe.

Le saut qualitatif attendu des OSCs

Pour plus d’efficacité, il leur est conseillé aux OSCs d’harmoniser les éléments de langage et d’approche auprès des CTD pour une meilleure collaboration. De travailler ensemble en mettant de côté leurs différences et en se concentrant sur l’objectif commun afin de faire de notre société des espaces inclusifs où chaque citoyen à la possibilité de participer pleinement à la vie publique. En somme, s’il ressort de façon globale que la réussite d’un développement local durable passe par un mécanisme de prise en compte des avis des populations et de redevabilité des gouvernants auprès des gouvernés, il reste qu’un cadre normatif établi, qui assure aux différents acteurs la légitimité et la légalité pour la mise en place d’une plateforme de collaboration. La Plateforme des Organisations de la Société Civile du Littoral (PLAFOSIL), organisatrice de la 5è édition du Forum des OSCs du Littoral le 13 février 2024 qui regroupe une cinquantaine des OSCs venant des quatre départements de la région du Littoral se positionne comme telle.

C’est dire si l’objectif de ce Forum était de voir comment les OSCs du Littoral peuvent réfléchir collectivement à la manière dont ils peuvent promouvoir et renforcer la participation citoyenne à l’action publique dans le processus de décentralisation. «Dans le contexte actuel, la société civile joue un rôle essentiel en tant que porte-voix des citoyens en veillant à ce que leurs voix soient entendues et prises en compte dans l’élaboration et la mise en œuvre  des politiques publiques», reconnait M. Dimani Mballa, Représentant du Gouverneur de la Région du Littoral. Et d’ajouter : «La société civile représente une force inestimable pour notre société. Elle incarne l’esprit de citoyenneté active et une volonté à contribuer à l’amélioration de notre environnement social, économique et politique. Elle représente la voix des exclus, des marginalisés et des oubliés. Elle nous rappelle constamment que la démocratie ne peut être complète sans leur participation effective. Elle s’est transformée en un écosystème dynamique innovant et influent, doté d’un pouvoir accru au-delà de ses membres». Surtout que les OSCs sont considérés non seulement comme des défenseurs et des prestataires de services, mais également comme les catalyseurs de changement, les influenceurs politiques, les incubateurs de projets, les experts et partenaires et de mise en route.

Mathieu Nathanaël NJOG

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