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Liberté de la presse : DECLARATION LIBERTE DES JOURNALISTES

DECLARATION LIBERTE DES JOURNALISTES

En date du 31 octobre, la journaliste Mimi Mefo, en service au Groupe Equinoxe Radio et télévision, a reçu une convocation à se présenter le 2 novembre 2018 dès 14h à la légion de gendarmerie du Littoral pour comparaître dans le cadre de « l’enquête ouverte pour fausse nouvelle et cybercriminalité »

Rendue à la Légion ce jour, le rendez-vous a été reporté au 7 novembre 2018 à la même heure. La journaliste a respectueusement honoré le deuxième rendez-vous et s’est rendue dès 14h en compagnie de ses avocats.

D’après Me Alice Kom, l’une des avocats de la journaliste dans une voice note diffusée dans les réseaux sociaux, ils ont attendu sur place toute la journée pour être reçue. Sans possibilité de se ravitailler ni en eau ni en nourriture.

La journaliste a été informée de ce qu’elle était accusée d’avoir publié sur sa page Facebook l’information selon laquelle le missionnaire américain tué dans la région du Nord-Ouest le 31 octobre 2018, était tombé sous les balles tirées par l’armée régulière.

Sur les conseils de ses avocats, elle a usé de son droit de garder le silence pour refuser de répondre à toute question, et l’audition a duré à peine 30 minutes. C’est autour de 21h que finalement l’enquêteur lui a fait savoir que le Commissaire du gouvernement demandait à la voir.

L’attente a aussi été longue chez le Commissaire du gouvernement qui semblait ne pas savoir qu’elle et ses avocats étaient là. Une attitude que l’avocate elle-même qualifie de « traitement dégradant, cruel et inhumain, bref, de la torture. »Finalement le Commissaire du gouvernement les a reçus, pour leur apprendre que ce que Mimi Mefo a fait « s’apparente aux actes de terrorisme, une atteinte à la sûreté de l’Etat ».

L’agent enquêteur  a ainsi déclaré de ce fait que c’est le tribunal militaire qui doit s’occuper du cas de de la journaliste, et  a  ordonné sa détention préventive à la prison de Douala New-Bell. La journaliste, telle un vulgaire bandit, Mimi Mefo s’est ainsi vue mettre les menottes, avant d’être conduite à la prison où elle a été écrouée à 23h 15 minutes.

L’Ong et ses partenaires associés notent :

Que la journaliste a publié l’information en citant sa source, un site internet que tout le monde peut visiter, que dans le même élan elle a publié une autre version de la même information, celle du Ministre camerounais de la Défense qui disait que les terroristes qui ont tué le missionnaire américain ont été neutralisés, se pliant ainsi à l’exigence de l’équilibre de l’information.

Que les faits reprochés à la journaliste ne constituent en rien un acte de terrorisme et une atteinte à la sûreté de l’Etat, comme veut le faire croire le Commissaire du Gouvernement,

Que comme le relève Me Alice Kom dans son voice note, le Cameroun a ratifié des conventions internationales interdisant un civil d’être jugés par un tribunal militaire.

Que de toutes façons, les faits reprochés à la journaliste ne correspondent à aucune infraction dont le tribunal militaire a compétence pour connaître, tel que stipulé par l’article 7 de la loi n° 2008/015 du 29 décembre 2008 portant organisation judiciaire militaire et fixant des règles de procédures applicables devant les tribunaux militaires.

Que depuis un certain temps, les journalistes font l’objet des arrestations arbitraires et barbares suivi des détentions abusives, sous le fallacieux prétexte de lutte contre le terrorisme. C’est notamment le cas du journaliste du Quotidien Le Messager à Bafoussam Joseph Olinga Ndoa, brutalement et sauvagement interpellé dans la nuit du samedi 3 novembre 2018 aux environs de 22h30 minutes.

Il a été gardé dans des conditions inhumaines, accusé d’apologie du terrorisme, faitsqui ont été requalifiés le lendemain en outrage à « fonctionnaires » et il a été appelé à comparaître le 8 novembre 2018. A cette date, le procès a été renvoyé pour défaut de plainte et de témoin.

L’Ong Un Monde Avenir et ses partenaires associés relèvent ainsi, et pour le regretter, le recul des libertés individuelles en particulier et de la liberté de la presse en général au Cameroun, la récurrence des techniques de musellement et d’intimidation des journalistes, systématiquement réprimés quand il relaient une information que le pouvoir estime lui être défavorable.

En conséquence, l’Ong Un Monde Avenir et ses partenaires associées demandent :

La libération immédiate et inconditionnelle de la journaliste Mimi Mefo et l’arrêt de toute poursuite à son encontre,

L’arrêt des poursuites contre le journaliste du Quotidien Le Messager Joseph Olinga Ndoa,

Le respect des dispositions de la loi du 19 décembre 1990 sur la communication sociale, qui consacre la liberté d’expression et la liberté de presse.

 

Fait à Douala le 08 novembre 2018,

 

Philippe NANGA

Coordinateur de l’ONG Un Monde Avenir

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