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Gouvernance : l’influence de l’impérialisme (4) Les reliques

Dans le vécu quotidien, les anciens colons continuent à poser des actes qui confirment que les  reliques de l’impérialisme subsistent bel et bien dans les anciennes colonies

 

Le Président de la République du Cameroun, Paul Biya, a reçu en audience le 10 décembre 2019, l’ambassadeur de France au Cameroun, Christophe Guilhou, porteur d’un message du Président Emmanuel Macron. Selon le site internet de la présidence de la République, l’entretien entre les deux hommes a duré  près d’une heure. Au sortir de là, le diplomate français a révélé à la presse qu’il s’agissait d’un message d’amitié et de remerciements du Président Emmanuel Macron au Président Paul Biya,  pour sa participation remarquable à la sixième conférence de reconstitution des ressources du Fonds Mondial pour la lutte contre le Sida,  la tuberculose et le paludisme tenue à Lyon du 9 au 10 octobre 2019.

Ordre insidieux

Rien de curieux jusque-là. Sauf qu’au lendemain de cette visite au palais de l’Unité, le 11 décembre 2019, le président Paul Biya a ordonné la convocation d’une session extraordinaire de l’Assemblée nationale pour le 13 décembre, alors que les députés clôturaient ce même jour la session ordinaire de novembre. Relevons déjà ici la curieuse succession des évènements. L’ambassadeur français rend visite à Paul Biya et le lendemain il demande aux députés qui achevaient leurs travaux d’attendre sur place. Officiellement l’ambassadeur est venu dire merci pour son geste en faveur de la lutte contre le Sida. Un geste qui avait été fait deux mois exactement plus tôt, et pour qui connait l’élégance des Français, ce n’est pas deux mois après qu’ils viennent dire merci, en plus en déplaçant tout un ambassadeur. Une lettre de reconnaissance suffit généralement dans de circonstances pareilles.

Tout laisse donc penser que le message de Christophe Guilhou allait au-delà du simple merci, il est venu signifier à Paul Biya que le maître n’était  pas satisfait des travaux de l’Assemblée nationale, et qu’il fallait la retenir  et introduire à l’ordre du jour un sujet précis. Lequel, on ne tardera pas à le savoir. Toujours est-il que ce sujet doit être d’une importance capitale et devrait avoir un impact significatif sur l’avenir du pays, aussi bien au plan politique, économique que social et sécuritaire. Sans doute en lien avec les élections prévues en 2020 donc. Faut-il le rappeler, d’après l’article 7 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, elle se réunit en session extraordinaire, pour une durée maximale de quinze (15) jours, sur un ordre du jour déterminé, à la demande du président de la république ou d’un tiers des députés. L’ordre du jour devrait donc être précis, et surtout avoir un caractère urgent au vu du contexte.

Si la visite de l’ambassadeur n’était pas le déclencheur de la convocation de cette session extraordinaire, comment donc comprendre que le président de la République ait laissé les députés se tourner les pouces pendant 28 jours, au cours d’une session que le journal Mutations avait qualifiée de session buissonnière tant l’hémicycle était vide lors des travaux, pour subitement demander la prolongation de la session à travers une session extraordinaire ?

L’habitude des gestes

Pareil scénario de prise de décision inattendue ou de changement de décision au sommet de l’Etat après une visite d’un officiel français a également été vécu il y a un mois et demi. Le 23 octobre 2019, Jean Yves Le Drian, le ministre de l’Europe et des affaires étrangères français, a été reçu par le président Paul Biya au Palais de l’Unité. Il y avait à peine 10 jours pourtant  que le président camerounais était revenu de Lyon où il avait promis la contribution du Cameroun dans la levée des fonds pour la lutte contre le Sida, ce qui lui vaut le merci du 10 décembre. Ce 23 octobre 2019, il était attendu en Russie à l’invitation du président Poutine pour le sommet Russie-Afrique, mais il est resté à Yaoundé pour attendre le ministre français Le Drian, et après l’avoir reçu, le processus d’attribution du marché de concession de la gestion du Terminal à containers du port autonome de Douala a connu un revirement spectaculaire.

Le Directeur du Port Cyrus Ngo’o, qui avait attribué provisoirement le marché au consortium Italo suisse Til, a reçu l’ordre du Secrétaire général à la présidence Ferdinand Ngo Ngo, sur haute instruction du président de la république, de suspendre ce processus d’attribution, duquel le groupe français Bolloré avait été disqualifié.

La perpétuation de l’impérialisme

Tous ces évènements qui ne sont pas isolés et qui démontrent à suffire que nos dirigeants reçoivent des ordres d’ailleurs, que les décisions prises n’émanent pas toujours d’eux, et que si jamais ils prenaient certaines initiatives sans l’aval de l’Occident ils seront rappelés à l’ordre, nous ramènent fatalement à la charte de l’impérialisme. Elle dit à l’article  2 qu’aucun pays du tiers-monde ne constitue un Etat souverain et indépendant, et à l’article 3 que « tout pouvoir dans les pays du tiers-monde émane de nous, qui l’exerçons par la pression sur les dirigeants qui ne sont que nos marionnettes. Aucun organe du tiers-monde ne peut s’en attribuer l’exercice. Sans parler de leur devise qui est : Gouverner le monde et contrôler les richesses de la planète,  diviser pour mieux régner, dominer, exploiter et piller pour remplir nos banques et faire d’elles les plus puissantes du monde.

L’ennemi est ailleurs

Ceci n’est qu’un rappel. Pour faire comprendre aux Africains en général, et aux Camerounais en particulier qui passent le temps à attiser la haine entre eux, qu’ils jouent simplement le jeu du maitre blanc, qui a tout intérêt à ce qu’ils restent divisés. Les Camerounais qui à longueur de journée se battent entre eux, s’entredéchirent, se traitent mutuellement de tribaliste, d’anglophone ou de francophone, se trompent simplement d’ennemi ou d’adversaire. Du haut d’une stratégie de domination globale conçue depuis longtemps, l’impérialiste les regarde et sourit, pousse un pion quand ça l’arrange, manipule comme il veut.

Il a commencé par venir sur les côtes africaines prendre les Noirs pour aller en faire des esclaves dans des champs de canne à sucre en Amérique, ensuite il a édicté le Code Noir pour dire que ces esclaves étaient des sou hommes, il a qualifié le continent africain de tiers monde, il a écrit la charte de l’impérialisme pour venir le dominer, il est allé à la conférence de Berlin pour le diviser et le coloniser, après les luttes d’indépendance il est parti par la porte mais est revenu de plus fort par la fenêtre, et encore aujourd’hui il continue de dire au noir ce qu’il doit faire

Dans une dernière résolution sur le Cameroun,  la présidente du Conseil de sécurité de l’Onu, l’américaine Kelly Knight Craft, a exhorté le 6 décembre 2019  ses partenaires à s’impliquer dans la résolution de la crise au Cameroun en faisant pression sur le gouvernement camerounais et les séparatistes pour un dialogue sans condition. Elle invite par ailleurs le gouvernement camerounais et les sécessionnistes à ouvrir des couloirs humanitaires afin de porter assistance aux nécessiteux. Quand l’on sait que l’article 22 de la charte de l’impérialisme dit que « L’Onu est notre instrument, nous devons l’utiliser contre nos ennemis et les pays du tiers-monde pour protéger nos intérêts. », on comprend mieux où on va déjà, et il ne reste plus qu’aux Camerounais de comprendre que le combat est ailleurs, et cesser de se tirer dessus les uns les autres

Roland TSAPI

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