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LÉGISLATIVES 2020 : LE RDPC, LE SANG NEUF ET LA RETRAITE PARLEMENTAIRE

Face à la monté en puissance de l’opposition, le parti au pouvoir se veut désormais plus regardant sur la qualité des hommes qui vont le représenter dans les conseils municipaux et à l’Assemblée nationale.

5 jours après avoir convoqué le corps électoral le 9 février 2020 pour les élections législatives et municipales, le président Paul Biya a signé le 15 novembre 2019, en tant que président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais  (Rdpc) cette fois, une circulaire donnant l’orientation des investitures de ses candidats. S’adressant au Secrétaire général du Comité central, aux responsables des commissions de présélection des candidats et aux militants dans l’ensemble, Paul Biya rappelle que « la nouvelle assemblée nationale devra se doter d’hommes et de femmes à la hauteur des enjeux et des défis historiques que le Cameroun entend relever pendant le septennat  des grandes opportunités. » Ceci dit-il, au regard des ambitions que notre pays nourrit sur tous les plans, spécialement dans le domaine de la consolidation de la paix, du raffermissement de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale, de la modernisation des institutions, du développement des infrastructures, de l’accélération de la croissance et de l’amélioration des conditions de vie des populations.

Faire face à la concurrence

Plus important encore, le président du Rdpc précise : « A cet effet, les candidats du parti devront être choisi de manière rigoureuse et objective, en considérant le niveau des enjeux et le contexte politique et concurrentiel issu de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018.» De toute évidence, le président du Rdpc a compris depuis la dernière élection que la concurrence politique est désormais sérieuse. Il tient à revoir la composition de ses troupes pour s’assurer d’avoir des hommes et femmes candidats en mesure de faire face à la pression exercée désormais par trois partis principaux, le Mrc de Maurice Kamto, le Sdf de John Fru Ndi  et le Pcrn de Cabral Libii. Lors des échéances électorales antérieures et ce depuis 1992, le Rdpc n’avait eu en face que le Sdf comme une menace,  en dehors de l’échéance de 2013 quand le Mrc faisait ses premiers pas dans les élections locales. Mais depuis l’élection présidentielle de 2018, le Rdpc a compris que les enjeux ne sont plus les mêmes, il faut désormais changer de fusil d’épaule pour sauver ce qui peut encore l’être, en commençant pas la qualité des hommes.

Redistribution des avantages

Faisant suite à la circulaire de Paul Biya, le Secrétaire général du comité central du parti, Jean Kuete a signé une note d’application le même 15  novembre, cette fois non seulement pour rappeler les directives du président national, mais pour affiner davantage les critères de présélection des candidats. D’après lui, l’objectif du Rdpc lors du double scrutin du 9 février 2020 reste de renforcer les majorités qu’il détient à l’Assemblée nationale et dans les conseils municipaux, afin de permettre au président de la république de continuer à gouverner sereinement et au parti de consolider sa position de leader.

Aux commissions de présélection des candidatures qu’il a nommées, le Sg demande de tenir compte du partage dans le choix des candidats, partage qui « se traduit par la non concentration des postes électifs, des responsabilités administratives au sein d’une même famille, d’un même groupe ethnique, d’un même village, d’un même arrondissement. » Cette précision est sans nul doute une réponse aux cris de plus en plus persistants, émis à l’endroit des membre de ce parti par des jeunes désœuvrés, notamment dans des zones acquises au parti au pouvoir, comme ce fut la cas le 11 octobre 2019 à Sangmelima, quand les jeunes rappelaient aux ministres qu’ils en ont marre de supporter le régime et le parti et de voir les mêmes familles récolter les dividendes.

Les vieux caciques dans le viseur

Au-delà de ce partage, le secrétaire général du parti instruit le renouvellement du personnel  candidat, en ces terme : « la promotion des nouvelles figures passe par l’injection du sang neuf dans les listes, chaque fois qu’il est possible notamment dans les cas mettant en concurrence des camarades bénéficiant de la retraite parlementaire. » C’est désormais clair que le Rdpc ne veut plus les mêmes figures à l’Assemblée national, et prie gentiment ceux qui sont déjà éligibles à certains avantages du fait du temps mis à l’hémicycle de céder leurs sièges.

Le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, dit en effet « Il a été créé au bénéfice des Députés une caisse de retraite ouverte à tout Député. Ce régime n’exclut pas, pour les fonctionnaires élus Députés, le bénéfice du régime de leur retraite d’origine. Le taux mensuel de cotisation est de 10%, prélevé du montant de l’indemnité législative de base du Député affilié. Pour bénéficier d’une pension d’ancienneté, le Parlementaire doit cotiser pendant au moins quinze années consécutives à la caisse de retraite. » En clair, les députés qui ont déjà fait trois mandats consécutifs bénéficient désormais de certains avantages même s’ils ne sont plus député. Il va de soi que la première personne visée par ce critère n’est autre que l’actuel président de l’Assemblée nationale Cavaye Yeguié Djibril.

le président de l’Assemblée nationale du Cameroun (Cavaye Yeguie Djibril) et le président du Sénat (Niat Njifendji Marcel), tous au dessus de l’âge

A 30 ans il était déjà membre de l’Assemblée législative du Cameroun oriental en 1971, il est resté député depuis lors jusqu’en 1988, et après une pause de 4 ans il est revenu à l’Assemblée nationale depuis 1992, et occupe depuis cette date le poste de président de la chambre.  Cela fait un total de 42 ans comme député. Le président de l’Assemblée nationale n’est cependant pas seul dans ce cas, même si tous ne cumulent pas les mêmes nombres d’années comme députés. Dans le Rdpc les vieilles têtes sont désormais indésirables, la caporalisation des postes est décriée comme un point négatif au parti pour les élections locales à venir.

Le premier tri des candidats se fera au niveau des commissions de présélection, mais si jamais des caciques traversent les mailles du filet à ce niveau, le comité central du parti qui donne l’onction finale pour les investitures, pourra toujours remettre de l’ordre là où il faut, si l’on accorde le bénéfice de la bonne foi à ces circulaires. Sauf que sachant la hargne qui habitent certains militants du Rdpc qui donneraient tout pour s’accrocher à leurs écharpes de député, on entrevoit d’ici  peu au siège du parti à Yaoundé lors des travaux de la commission d’investiture, une véritable nuit au long couteau.

Roland TSAPI

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