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Les jeunes et la sphère électorale: Quelles conséquences ?

L’absence prononcée et généralisée des jeunes de la sphère électorale nous force à examiner les conséquences possibles de cette désertion. Il paraît clair qu’on ne peut remettre en question la légitimité des élus et des gouvernements sous prétexte qu’un groupe aurait préféré s’abstenir de voter. Les élus tirent leur légitimité du fait qu’ils ont obtenu le plus de votes dans leur circonscription, peu importe le nombre d’électeurs inscrits ou ayant effectivement voté. Si le système uninominal à un tour peut en exaspérer certains à cause des cas extrêmes qu’il provoque à l’occasion (le parti au pouvoir obtenant l’appui d’un seul tiers des électeurs, par exemple), il s’avère impossible de rejeter la légitimité de ceux qui en profitent.

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Cela dit, l’abstention chronique des jeunes entraîne d’autres problèmes que nous ne pouvons nous permettre de négliger, le plus important d’entre eux étant sans doute le biais social provoqué par l’inégalité de la participation, qui risque à son tour d’entraîner un biais politique. Car c’est bien là que le bât blesse. Que les jeunes constituent l’un des groupes sociaux les moins bien représentés du système électoral n’est pas en soi problématique. Du moins, ce ne l’est pas si les politiques mises sur pied par les élus sont exemptes de biais. Mais est-ce véritablement le cas ?

Cette question d’un possible biais dans les politiques est délicate. Les élus ont en général à cœur les besoins de tous leurs commettants, qu’ils aient voté ou non pour eux. Ce n’est donc pas de ce type de biais, volontaire, qu’il s’agit. Il s’agit plutôt d’un biais qui s’impose par le choix, à la base, de ceux qui formeront le gouvernement. En ne votant pas, les jeunes n’expriment pas leurs préférences politiques. Ils laissent ainsi le champ libre aux autres groupes de la population, qui peuvent élire plus facilement des gouvernements qui leur ressemblent, dont les valeurs et les priorités s’accordent mieux avec les leurs. Les politiques mises en avant auront naturellement tendance, la plupart du temps, à aller dans le sens de ceux qui ont voté, les sensibilités étant similaires. Cela pose problème si un groupe de la population, en l’occurrence les jeunes, ne se reconnaît plus dans la société qui en découle.

Certains chercheurs ont montré que les opinions politiques des candidats aux élections étaient en général plus près de celles des votants que de celles des non-votants. Cependant, le fait que les jeunes occupent une large proportion des non-votants force à réfléchir plus particulièrement à l’influence d’un biais politique sur ce groupe de la population.

Réfléchissons-y !

Jean Marie Onambele

« Biais » : Moyen indirect et habile de résoudre une difficulté.

 

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